Le tribunal de Foix a condamné Vasily A. à cinq ans de prison pour homicide et blessure involontaire. Un jugement attendu par la famille d’Alexandra et Camille Sonac, décédées en janvier 2024. Retour sur une audience marquée par l’émotion et l’incompréhension.
La salle Fébus du tribunal judiciaire de Foix était comble ce mardi 18 février 2025. Jean-Michel Sonac, l’un des derniers à entrer, était entouré de ses proches, les yeux déjà gonflés d’émotion. Il s’est assis calmement au premier rang, aux côtés de Sébastien Durand, président de la FDSEA 09, de Kévin Audouy, président des Jeunes Agriculteurs 09, ainsi que des parents et de la sœur jumelle d’Alexandra Sonac.
Derrière eux, le monde agricole était présent pour soutenir Jean-Michel et sa famille dans ce procès où une peine est attendue de tous pour poursuivre le processus de deuil, plus d’un an après le drame de Pamiers, où Alexandra et Camille Sonac ont tragiquement perdu la vie sur le barrage agricole le 23 janvier 2024.
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Dans son box, le prévenu, Vasily A., un Arménien en situation irrégulière de 45 ans, est habillé entièrement en noir et accompagné d’une traductrice, ne parlant pas un mot de français. Après la lecture des faits par la présidente Pauline Chaulet, qui rappelle que le prévenu, avant de percuter à 130 km/h le mur de 56 bottes de paille, avait contourné un dispositif de déviation parfaitement matérialisée afin de pénétrer sur la RN 20, en passant par un terre-plein herbeux, le prévenu a tenu à dire : “Je regrette ce qui s’est passé. Je suis aussi un père de famille, j’ai beaucoup de mal pour lui – en regardant Jean-Michel Sonac, prostré sur son siège du tribunal, la main serrée devant la bouche et la mâchoire crispée –, ça s’est passé tellement vite.”
” Jamais je n’aurais pensé vivre un tel cauchemar”
Un message sincère, certes, mais vite éclipsé par les nombreuses contradictions de son discours. “Non, je n’ai pas vu l’interdiction de pénétrer sur la route, je pensais que c’étaient des déchets sur la route”, “La signalisation n’était pas assez grande pour m’empêcher de passer”, ou encore les “je ne sais pas”, lorsqu’il s’agit d’expliquer l’absence de freinage au moment d’exploser sa BMW sur le mur de paille, d’ôter la vie à Alexandra et Camille et de causer des blessures graves à Jean-Michel Sonac.
De nombreuses questions sont ainsi restées floues pour les victimes et pour le tribunal avant la conclusion des débats. Certaines personnes dans la salle se sont même permis un petit commentaire : “On tourne en rond, là”.
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À la barre, les mots de la sœur jumelle d’Alexandra et marraine de Camille ont ému l’assemblée : “Ce jour-là, tout a basculé. Jamais je n’aurais pensé vivre un tel cauchemar. Il aura leur mort sur la conscience toute sa vie.”
Finalement, tous restent insatisfaits face au manque d’explications du prévenu arménien. Les avocats des parties civiles s’accordent à dire que “c’est un deuil impossible à faire” pour les proches des victimes dans ce procès jugé “si particulier” par le procureur de la République, Olivier Mouysset. Ce dernier a requis cinq ans d’emprisonnement avec maintien en détention. Après plus de cinq heures de procès, le tribunal a suivi les réquisitions du procureur et condamné Vasily A. à cinq ans de prison avec maintien en détention pour homicide et blessure involontaire. Une peine qu’il effectuera avant d’être raccompagné à la frontière. Mais une chose est certaine à l’issue de ce procès : aucune peine ne sera jamais à la hauteur de la douleur des victimes.
