l’essentiel
Reporté à deux reprises, le lancement de la nouvelle fusée européenne s’est déroulé sans encombre ce jeudi 6 mars depuis Kourou (Guyane française). Il a permis de placer en orbite un satellite d’observation militaire français.
Après deux faux départs, la nouvelle fusée européenne a finalement effectué, ce jeudi 6 mars, son premier vol commercial avec succès. Sous une météo pluvieuse, Ariane 6 a décollé comme prévu, à 17 h 24 très précisément (heure de métropole). Après l’allumage du moteur principal Vulcain délivrant une poussée de 135 tonnes, puis, sept secondes plus tard, des deux boosters, le lanceur s’est arraché du pas de tir guyanais dans un immense panache de fumée.
Après un peu plus de deux minutes d’ascension, les deux boosters ayant brûlé leurs 300 tonnes de poudre se sont éteints, puis se sont séparés de l’étage principal. Le moteur Vulcain continue seul d’assurer la poussée. La coiffe, qui protège la charge utile durant la phase de décollage, se sépare quelques minutes plus tard, puis le moteur principal s’éteint et vient le moment de la séparation du premier étage. Le moteur Vinci de l’étage supérieur prend alors le relais.
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Une heure et six minutes après son décollage, Ariane 6 libère son précieux “passager”, à 797 kilomètres d’altitude. Placé en orbite héliosynchrone, les équipes du Centre national d’études spatiales ne tardent pas à entrer en contact avec lui. “On a acquis le signal de télémétrie du satellite, on a détecté sa séparation, et déployé ses panneaux solaires” se félicite Paul Arberet, chef du projet pour le CNES. La mission est une réussite et intervient à un moment stratégique compte tenu du contexte géopolitique actuel.
Un œil stratégique
Ce premier lancement commercial d’Ariane 6 avait en effet pour objectif de déployer dans l’espace un satellite d’observation militaire français. Destiné à être opéré par le Commandement de l’Espace, depuis Toulouse, il doit permettre l’acquisition d’images à très haute résolution pour surveiller, identifier et analyser des objectifs d’intérêt à travers le monde… Un œil stratégique en quelque sorte au service de la défense. Avec les deux autres satellites, déjà déployés, cette constellation bénéficiera à la France mais aussi à plusieurs pays partenaires européens.
Quatre autres lancements prévus en 2025
Après un an sans accès indépendant à l’espace, l’Europe retrouve, avec ce nouveau lanceur lourd, son autonomie, essentielle pour sa souveraineté technologique et stratégique. “C’est un grand jour pour l’Europe spatiale” a déclaré David Cavaillolès, le président exécutif d’Arianespace.
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La réussite de ce lancement était aussi importante, commercialement parlant, car de nombreux autres vols pour des États, des agences spatiales, ou des entreprises privées sont prévus. Rien que cette année, quatre autres tirs sont programmés. Trois seront encore réalisés avec la plus petite version d’Ariane 6, celle équipée de deux boosters, mais un lancement sera effectué avec la version la plus puissante, dotée de quatre boosters. Celle-ci, sera chargée, au second semestre 2025, de mettre en orbite une trentaine de satellites pour Amazon. Le géant américain de l’e-commerce a déjà réservé 18 lancements avec Ariane 6. Pour être rentable, ArianeGroup vise dix lancements par an. Une vitesse de croisière qu’il devrait atteindre en 2027.