l’essentiel
Le chantier de l’A69, suspendu par une décision de justice, laisse derrière lui une cicatrice de 50 km dans le sud du Tarn. Se pose à présent la question de la sécurisation de ces infrastructures inachevées pour éviter toute intrusion, dégradation ou effondrement d’ouvrages fragilisés.
En ce début de semaine, le ronflement des engins a laissé place au calme plat sur le chantier de l’A69. Seul le bruit des véhicules à proximité se fait entendre le long du tracé de l’autoroute, dont les travaux sont suspendus depuis jeudi. Toujours interdit au public, le chantier s’est vidé d’une grande partie de ses pelles mécaniques. Quelques-unes sont toujours rangées et alignées, entre Castres et Verfeil. Les hommes sont encore plus rares : les ouvriers ont rangé leurs affaires et quitté leur lieu de travail depuis vendredi. Restent ces paysages lunaires, ces amoncellements de terres, et les ouvrages déjà installés, qui bouleversent le paysage sud-tarnais pour encore plusieurs semaines. Il faudra s’y habituer.

DDM-EMILIE CAYRE. – DDM EMILIE CAYRE
Comment sécuriser un tel chantier ? C’est le casse-tête que doivent résoudre aujourd’hui le concessionnaire Atosca et la préfecture du Tarn. Car la décision du tribunal administratif de Toulouse du jeudi 27 février de stopper net les travaux de la construction de cette autoroute, en annulant les autorisations environnementales, provoque une situation inédite en France. Jamais un chantier de cette envergure, déjà avancé aux deux tiers, n’avait été arrêté ainsi dans son élan.
Une “balafre” de 50 km
Dans un premier temps, Atosca a commencé à évacuer les 350 engins de travaux publics qui étaient disséminés tout au long du tracé. Certains ont été rapatriés sur d’autres chantiers en cours menés par NGE, le constructeur. Les autres ont été stockés et mis en sécurité en attendant une éventuelle reprise des travaux d’ici trois mois si la demande de sursis à l’exécution du jugement déposée par l’État est acceptée par la cour administrative d’appel. Sinon, le chantier restera ainsi au moins deux ans en attendant le jugement en appel au fond et celui du conseil d’État en troisième instance.
Mais attendant, le sud du Tarn est “balafré” par une bande de terre de 50 km. Le terrassement était quasiment terminé sur toute la longueur. Mais ce n’est pas tant le tracé que les ouvrages d’art qu’il faut sécuriser sur ce chantier devenu “fantôme”. Car des ponts en cours de construction, et abandonnés du jour au lendemain, peuvent s’avérer instables et donc dangereux. Pour certains, la seule solution pour les sécuriser serait de les terminer.
Centre névralgique
Il faudra aussi éviter d’éventuelles intrusions sur le chantier et des dégradations sur les ouvrages et des différentes bases de vie installées à différents points du chantier qui ont été désertées par les ouvriers depuis l’arrêt total des travaux vendredi 28 février. Le centre névralgique, basé à Puylaurens, où sont aussi les bureaux administratifs d’Atosca, reste, lui, ouvert partiellement, occupé encore par les principaux cadres de l’entreprise qui gèrent les affaires courantes.
Pour le moment personne ne communique sur ce sujet compliqué. La préfecture et Atosca sont actuellement en discussion. Le préfet devra rapidement prendre des arrêtés. On saura à ce moment-là ce qui sera imposé au concessionnaire qui devra voir comment financer cette sécurisation. Parce que l’annulation des autorisations a, de fait, bloqué les crédits alloués à la construction de l’A69.