16:35 GMT - Wednesday, 02 April, 2025

Chemsex : “Quand nous recevons les pratiquants, ils sont au bout du rouleau, isolés et ils ont honte”

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Posted 3 days ago by inuno.ai

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l’essentiel
Ouvert en mai 2023 par l’association AIDES, le Lounge accueille les personnes adeptes du chemsex, une pratique qui associe la sexualité à la consommation de produits psychoactifs illicites. Des consultations médicales et des rendez-vous de psychologie et sexologie sont proposés gratuitement. Mathilde Vié, psychologue, nous explique les enjeux.

Au Lounge, Mathilde Vié reçoit les chemsexeurs pour des consultations psychologiques gratuites proposées par l’association AIDES.

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Vous recevez des pratiquants du chemsex, existe-t-il un point commun entre eux ?

Chez tous, je retrouve une peur du vide, de trop réfléchir, une envie de consommer pour avoir des relations sexuelles sans avoir à penser. Ils ont cette fausse croyance qu’ils vont sortir de leur isolement, qu’ils vont rencontrer du monde, se sentir moins seuls et que l’homosexualité est plus acceptable sous produits. Sauf que la lune de miel ne dure pas, le chemsex isole, on ne voit plus que des personnes avec qui on consomme, l’activité professionnelle est impactée par l’épuisement que génèrent l’enchaînement des soirées et la consommation des produits. C’est une consommation frénétique : pendant le rapport sexuel, ils pensent au rapport suivant qu’ils peuvent programmer directement via les applis.

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La pratique du chemsex est en augmentation, pourquoi ?

Le Covid et plus précisément les confinements ont marqué une étape avec la fermeture des bars et des lieux festifs où se retrouvait la communauté LGBT. Il y a encore aujourd’hui moins de lieux de rencontre, l’habitude a été prise de recevoir chez soi, dans des soirées privées où il y a moins de risques d’être stigmatisé ou de se faire tabasser.

Qui est concerné par la pratique du chemsex ?

Toutes les couches de la population sont concernées, des SDF et précaires qui peuvent se prostituer pour financer leurs drogues, à des hauts placés toulousains. On retrouve également tous les âges, et c’est dramatique pour les très jeunes qui entrent comme ça dans la vie sexuelle, avec ce sentiment d’apothéose des sensations.

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Que viennent chercher les chemsexeurs au Lounge ?

Quand ils arrivent ici, ils sont souvent au bout du rouleau. Ils sont incapables de travailler, de mener une vie classique et une relation de couple. Mes consultations du lundi sont régulièrement annulées parce qu’ils ne sont pas redescendus de leur week-end chemsex ou s’ils viennent, ils peuvent être encore défoncés. Et puis, il y a la honte. La honte de sortir de chez eux quand ils ont accueilli des soirées chemsex, parce qu’il y a eu du bruit qui a pu déranger les voisins ou parce qu’ils ont eu des réactions très exubérantes dues au G-hole (perte de connaissance, excitation après un surdosage de GHB). La honte des cicatrices pour ceux qui s’injectent les produits. Ils sont en souffrance et n’arrivent pas à stopper leur consommation, les produits sont très addictifs. Venir au Lounge, c’est sortir de la solitude. Nous sommes là pour les aider à sécuriser leurs pratiques, pour créer du lien et les aider à construire quelque chose à côté, car l’addiction se nourrit du vide.

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