À Toulouse, la clinique Saint-Exupéry fait partie des deux établissements sélectionnés par l’ARS Occitanie pour la prise en charge des patients souffrant de Covid long. L’unité dédiée a reçu 800 personnes en trois ans. Le Dr Léonardo Astudillo, spécialiste de médecine interne, explique la complexité des cas.
Depuis la fin de l’année 2021, la clinique Saint-Exupéry (groupe des cliniques indépendantes Clinavenir) fait partie des six établissements labellisés par l’Agence régionale de santé (ARS Occitanie) pour la prise en charge des patients souffrant de symptômes du Covid plusieurs mois après leur infection. Comme le Dr Léonardo Astudillo, les médecins du service sont des spécialistes de médecine interne. Depuis l’ouverture du service, ils ont vu environ 800 personnes.
A lire aussi :
TÉMOIGNAGE. “Un épuisement extrême, je ne m’en suis jamais relevée”, une enseignante raconte son calvaire avec le Covid long
Qui sont les patients que vous recevez en hospitalisation de jour ?
Ils ont évolué dans le temps, comme les variants du virus SARS-CoV2. Les premiers, en 2021-2022, étaient essentiellement fatigués, avec des symptômes respiratoires. Leur fonction respiratoire était normale, ce sont les bronchodilatateurs qui ont permis de les améliorer car ils ont agi sur leurs bronches resserrées. En 2023 et 2024 sont arrivés des patients fatigués mais avec davantage de symptômes de type brouillard cérébral. On ne sait pas si c’est dû à un variant ou si c’est l’évolution de la maladie. Aujourd’hui, les troubles cognitifs sont majoritaires.
“Certains patients tirent sur la corde et s’épuisent encore plus”
Constatez-vous une amélioration chez ces patients et au bout de combien de temps ?
Pour le plus grand nombre, on constate une amélioration dans le temps, dans les trois à six mois. Mais on estime que près de 10 % ont encore des symptômes qui persistent et comme leur Covid long vient s’imbriquer avec les conséquences qu’il génère dans la vie professionnelle et sociale, tout est plus compliqué. Certains patients “tirent sur la corde” et s’épuisent encore plus.
Le Covid long peut-il toucher tout le monde ?
Oui même si on retrouve un petit peu plus de femmes que d’hommes, c’est peut-être en lien avec l’impact des récepteurs œstrogènes sur l’immunité. Certains de nos patients ont des profils d’hyperactifs qui ne se ménagent pas et mêlent vie professionnelle, associative et sport de manière intensive. Ils ont du mal à encaisser que la fatigue peut s’installer pendant plusieurs mois.
Que leur dites-vous ?
Ici, on ne dit jamais que c’est dans leur tête, on leur dit que les choses vont s’améliorer même si on manque encore de recul sur la maladie. On peut rééduquer un patient qui souffre de fatigabilité à l’effort, mais le brouillard cérébral, c’est plus compliqué. Personne aujourd’hui n’est spécialiste du Covid long, il y a des approches différentes, certaines plus centrées sur les organes, d’autres sur le volet psychosomatique.
