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DECRYPTAGE. “Bayrou a fait une faute politique” : démissions brandies à droite, censure à gauche… pourquoi le Premier ministre est en sursis

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Posted 10 hours ago by inuno.ai

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l’essentiel
François Bayrou fait face à une double pression politique. Entre menaces de démission à droite et rupture avec la gauche, son gouvernement vacille. Jusqu’où tiendra-t-il face aux tensions internes et aux ambitions présidentielles de ses ministres ?

Le socle commun commence à se transformer en un gigantesque étau dont les mâchoires se referment sur François Bayrou. À droite, ce sont ses deux ministres, l’un place Beauvau, l’autre place Vendôme, qui, l’un après l’autre, ont évoqué leur possible démission. Bruno Retailleau a assuré la semaine dernière qu’il ne pourrait rester dans un gouvernement qui n’entamerait pas un important bras de fer avec l’Algérie concernant les accords de 1968 ou au moins ceux de 2007, qui permettent aux Algériens porteurs de passeports diplomatiques de ne pas avoir besoin de visa pour venir en France. Quelques jours plus tard, Gérald Darmanin brandissait la même menace si le port du voile n’était pas interdit dans les compétitions sportives.

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Si le second point a rapidement été tranché à l’avantage du ministre de la Justice, le premier point concernant l’Algérie reste en suspens. La position d’Emmanuel Macron, défavorable à toute remise en cause des accords passés, rend en effet la marge de manœuvre du Premier ministre très étroite. Pour l’instant, François Bayrou temporise sous la menace constante de son ministre de l’Intérieur, qui a à nouveau évoqué hier la nécessité d’une “riposte graduée”.

La campagne pour la présidence des LR, qui l’oppose à Laurent Wauquiez, impose en effet à l’ancien sénateur de ne rien lâcher. Son concurrent l’accusant d’être réduit à l’inaction par solidarité gouvernementale, Bruno Retailleau se doit de se montrer libre et devrait donc réitérer ses menaces. Voilà donc François Bayrou contraint de céder à chacune des exigences de ses deux ministres les plus à droite, au risque de fragiliser l’équilibre gouvernemental qu’il avait réussi à bâtir.

La menace de censure revient

À gauche, les fondations bougent aussi, mais cette fois, c’est le locataire de Matignon lui-même qui est à l’origine de cette instabilité. En déclarant à deux reprises que l’âge légal de départ à la retraite ne pourrait pas revenir à 62 ans, François Bayrou a remis en cause l’accord de non-censure conclu avec le PS. “Le Premier ministre a fait une faute politique et est fragilisé. L’argument qui consiste à dire que, parce que nous avons un congrès, nous ne prendrons pas le risque de faire tomber le gouvernement ne tient pas. Nous avons refusé de censurer pour donner un budget à la France, c’est fait. Désormais, nous avons donc les mains libres”, assurait cette semaine à La Dépêche le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui incarne pourtant l’aile modérée du Parti socialiste.

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De son côté, le patron du PS, Olivier Faure, a rappelé que la censure était toujours sur la table. La menace est d’autant plus sérieuse que le RN laisse entendre qu’il pourrait voter une motion de censure sur le sujet des retraites.

Un Premier ministre en sursis

Les fragiles soutiens de François Bayrou prennent donc un à un leurs distances, chacun guidé par ses ambitions présidentielles et le besoin de répondre aux demandes de ses électeurs. Au sein même du gouvernement, en “off” pour l’instant, les représentants de l’aile gauche de la macronie s’agaçaient cette semaine d’un glissement des lignes vers la droite. Combien de temps l’attelage peut-il encore tenir ? La crise ukrainienne offre sans doute un sursis au Premier ministre. Difficile, en effet, de faire tomber un gouvernement alors que Poutine menace. Mais la trêve pourrait n’être que de courte durée.

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