l’essentiel
Anne Prudhomme, pneumologue à Tarbes fait partie d’un comité scientifique qui, avec quatre associations de patients et laboratoire AstraZeneca, lance une campagne d’information et de sensibilisation autour des femmes victimes du cancer du poumon, alors qu’elles ne pensaient pas être concernées par cette maladie. Elle invite chacune et chacun à être “acteur de sa santé”.
Bien qu’à la retraite, le Dr Anne Prudhomme demeure très concernée par la santé des Haut-Pyrénéens. La pneumologue est ainsi en pointe sur la campagne de sensibilisation lancée en direction des femmes, dont le nombre de cas de cancers du poumon explose. Entretien.
Mme Prudhomme, pourquoi vous investir dans cette campagne d’information ?
Avec plus de 19 000 cas et près de 10 000 décès, le cancer du poumon est en constante hausse chez les femmes et va devenir le plus meurtrier. Ces chiffres sont catastrophiques, d’où la nécessité de cette campagne nationale face à ce danger. D’autant qu’il y a souvent un sous-diagnostic ou un retard de diagnostic, quand une prise en charge précoce seule permet de se soigner. Ça s’adresse vraiment à toute la communauté féminine. Il n’y a pas de cible particulière.

Quels symptômes doivent alerter et comment procéder ?
Il y a des signaux comme une toux marquée inhabituelle, des troubles de la voix, un essoufflement anormal. Tout signe au niveau respiratoire doit amener à consulter son médecin, qui préconisera une radio du thorax. C’est pour ça qu’on lance cette campagne d’alerte. On a envie que ça avance, que les gens soient en éveil.
A lire aussi :
Plus d’un cancer du poumon des non-fumeurs sur deux serait lié à la pollution atmosphérique
Comment expliquer l’explosion de ces cancers du poumon chez les femmes ? Le tabac ?
Les femmes sont potentiellement plus sensibles au tabac que les hommes, en raison notamment du rôle des œstrogènes. Aujourd’hui, une femme sur quatre fume. Il y a eu une banalisation de la cigarette. C’est le facteur essentiel. Mais il y a aussi 24 % des malades qui ne fument pas. Ça s’explique par l’aéroconsommation, tout ce qu’on respire, ces toxiques qui font des dégâts cellulaires sur les poumons. Il y a aussi des professions plus exposées, comme les agriculteurs… Si déjà on est informé des ravages, on réfléchit à deux fois en conscience des conséquences. Il faut savoir vendre la bonne santé.
A lire aussi :
Cancer du poumon: la mortalité chuterait fortement avec des jeunes générations sans tabac
C’est l’objectif de cette campagne ?
Il faut éveiller la population féminine au fléau des maladies respiratoires, le cancer du poumon, la BPCO, l’asthme, sur lesquelles on peut agir, ne serait-ce qu’avec la prévention. Il est possible de ne pas être malade si l’on se comporte bien. Or, on ne voit les malades que lorsqu’il y a déjà des symptômes avancés. Il ne faut pas négliger les signaux d’alerte en amont, en parler au généraliste, à l’infirmière. Ce n’est pas l’affaire des femmes âgées, bien au contraire. Mais il faut être acteur de sa bonne santé. Car quand on ne peut plus promener son chien ou monter deux étages, ce n’est plus la même chose.