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ENTRETIEN. Scandale de la Banca Privada d’Andorra, 10 ans après : “Une volonté manifeste d’abattre la banque” selon son avocat

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Posted 6 hours ago by inuno.ai

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l’essentiel
En mars 2015, éclatait la retentissante affaire de la Banca Privada d’Andorra, accusée de blanchiment par le Trésor américain. Des procédures sont toujours en cours mais les scandales politico-économiques de la droite espagnole ont révélé depuis un tout autre dossier pas moins embarrassant pour la Principauté. Avocat de la famille Cierco, principaux actionnaires de la banque disparue, Me Enric Casadevall répond aux questions de La Dépêche. Interview.

La Dépêche du Midi : Vous êtes le défenseur de la BPA depuis août 2016. Où en est aujourd’hui le dossier ?

Me Enric Casadevall : L’affaire BPA est un ensemble de dossiers distincts, en fait. Il y a plusieurs procédures pénales encore à l’instruction, dont l’une qui pourrait être jugée cet été. Parallèlement, des procédures administratives ont aussi été engagées par les anciens actionnaires contre l’État andorran pour la saisie et la liquidation de la banque. Des litiges civils sont également en cours, certains déjà réglés, d’autres toujours pendants.

 

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Quels sont les principaux enjeux financiers pour les actionnaires de BPA ?

Les actionnaires principaux, la famille Cierco, réclament environ 360 millions d’euros correspondant à la valeur de leur participation, évaluée par des experts indépendants. À cela s’ajoutent 18 millions d’euros ponctionnés sur leurs comptes personnels en vertu d’une loi votée en urgence et appliquée rétroactivement. Si l’on inclut Banco Madrid, filiale de BPA, le préjudice global dépasse les 500 millions d’euros.

Les récentes révélations en Espagne semblent confirmer une manipulation orchestrée par la “police patriotique” sous le gouvernement de Mariano Rajoy. Quelles sont les réactions officielles, en Andorre ?

Le gouvernement ne réagit pas. Son intérêt est de ne rien dire, car ceux qui étaient au pouvoir à l’époque sont toujours aux commandes, ou du moins issus du même parti. Pourtant, des preuves existent, notamment des enregistrements et des documents qui montrent des contacts entre les autorités andorranes et espagnoles. Mais pour l’heure, les autorités comme la justice restent silencieuses.

Le chef de l’État français étant coprince d’Andorre, la France a-t-elle pris position sur cette affaire qui pose, notamment, des questions de souveraineté ?

À ma connaissance, non. Il y a eu des approches, mais je ne suis pas au courant d’un positionnement officiel. La présence française en Andorre est d’ailleurs trop discrète comparée à celle de l’Espagne. Pourtant, la France devrait s’intéresser à cette affaire, car elle engage aussi sa responsabilité justement parce que l’un de nos deux coprinces est français.

Peut-on parler, selon vous, d’une volonté politique d’éliminer BPA ?

Comme on dit : si vous n’êtes pas à la table, c’est que vous êtes au menu… La BPA était un acteur important de la place financière andorrane et elle avait signalé elle-même plusieurs affaires suspectes aux autorités, bien avant l’intervention du FinCEN américain. Par exemple, l’affaire Petrov, liée à la mafia russe, avait été portée à la connaissance du régulateur andorran. Pourtant, la BPA s’est retrouvée accusée d’avoir couvert des opérations illicites, alors que d’autres banques avaient des pratiques similaires et n’ont jamais été inquiétées. Après sa liquidation, le marché s’est ensuite redistribué entre les autres banques et des opérations douteuses ont été menées, notamment la revente à vil prix de ses actifs à des investisseurs américains. Cela montre bien qu’il y avait des intérêts en jeu.

Dix ans après, qu’attendez-vous de l’État andorran ?

Malheureusement, pas grand-chose. Nous voulons une décision de justice juste et des indemnisations pour réparer le préjudice subi. Mais au-delà des pertes financières, il y a un énorme dommage d’image et de réputation. Dans le monde de la finance, il suffit d’une accusation pour être rayé de la carte.

Quelle position attendez-vous de la France, sachant que l’Espagne enquête et qu’une commission parlementaire a été mise en place concernant la « police patriotique » ?

Nous espérons un engagement plus fort, ne serait-ce que pour empêcher que ce genre d’affaire se reproduise. L’Andorre est un petit pays, et cette crise a profondément divisé la société. Il serait temps d’en tirer les leçons et d’envisager une sortie de crise qui rétablisse un minimum de confiance.

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