l’essentiel
Après une série de fusillades à Lapanouse, un quartier d’Albi (Tarn), douze suspects ont été mis en examen pour tentative de meurtre en bande organisée, sur fond de trafic de drogue. Cinq d’entre eux ont été placés en détention provisoire.
Douze individus mis en examen et encore de nombreuses questions. Après les fusillades des 19 et 20 février derniers, dans le quartier de Lapanouse, l’enquête ouverte par le parquet d’Albi et confiée aux forces locales, appuyées par la division de la criminalité organisée de la DIPJ de Toulouse, a bien avancé.
Après leurs gardes à vue, 12 personnes, âgées de 16 à 29 ans, ont été présentées lundi devant le pôle criminel de Toulouse, désormais chargé de l’affaire. Ils ont tous été mis en examen du même chef d’accusation : “tentative de meurtre en bande organisée”. Certains pour les faits du 19 février, d’autres pour ceux du 20 février, voire pour les deux.
Lundi, le parquet de Toulouse avait requis la détention provisoire pour sept d’entre eux, dont un mineur. Ils sont suspectés d’être les auteurs des tirs. À l’issue de leur interrogatoire de première comparution, ces derniers sont donc passés devant le juge des libertés et de la détention (JLD) qui a finalement ordonné l’incarcération de cinq individus. Les sept autres ont été placés sous contrôle judiciaire.
Contrôle d’un point de deal stratégique
Le mobile de ces fusillades semble établi : une guerre de territoire opposant deux groupes pour le contrôle d’un point de deal stratégique à Lapanouse. D’un côté, un groupe de jeunes issus de ce quartier prioritaire de la ville et de l’autre, un trio d’individus de Lapanouse associé à une bande de Cantepau, un quartier autrefois rival, qui souhaite mettre la main sur ce juteux business.
Selon une source proche du dossier, parmi les cinq personnes incarcérées, on retrouve le fameux “Choco”, suspecté d’être, à 24 ans, un des gérants du point de deal. C’est notamment lui qui aurait ordonné d’ouvrir le feu à chaque passage de véhicule suspect dans le quartier.
À ses côtés, un individu de 29 ans, originaire d’Algérie et suspecté d’être un des “employés” du point de deal. Une autre “petite main”, suspectée d’avoir tiré à plusieurs reprises, a échappé à la détention en raison de son jeune âge au moment des faits.
Les trois autres hommes incarcérés appartiennent à la bande rivale, menée par les dénommés “Requin”, “K2B” et “KLN”, associés à des jeunes de Cantepau, avec à leur tête, un certain “JM”. On retrouve notamment les deux jeunes originaires de la Drôme – dont un mineur – recrutés afin d’assurer les rôles de dealer et de guetteur et à qui on aurait fourni une arme. L’un des deux était sorti de prison début février…
Déterminer les rôles précis
“K2B”, qui leur aurait fourni l’arme et qui se trouvait dans une grosse cylindrée allemande aperçue à Lapanouse dans la matinée lors du dernier épisode de violence, retrouvée abandonnée à Montans après avoir semé la police, est lui aussi sous les verrous.
Cet individu est notamment suspecté d’avoir lui-même vidé un chargeur en tirant en l’air à proximité du point de deal, puis d’avoir caché l’arme qui sera finalement retrouvée après son interpellation.
L’instruction, en cours, doit désormais déterminer les rôles précis et identifier formellement les auteurs des tirs. Les douze suspects sont notamment assistés par maîtres Casellas et Martial (barreau d’Agen), Balbo, Dupoux et Le Bonjour (Toulouse), Boulet Gercourt, Vialaret, Dubergé, Coutouly et Gosset (Albi).