l’essentiel
Après le terrible clash qui a eu lieu ce vendredi entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron a remis sur la table l’idée d’une dissuasion nucléaire européenne. Pour l’heure, seules la France et le Royaume-Uni disposent d’une telle arme de dissuasion.
L’Europe est-elle dos au mur, après le spectaculaire rapprochement des États-Unis de Donald Trump avec la Russie ? Emmanuel Macron a relancé le débat sur l’idée très sensible d’un parapluie nucléaire européen, qui divise la classe politique et que l’extrême droite conteste déjà. Le président français, à la tête d’une des deux puissances nucléaires en Europe avec le Royaume-Uni, s’est dit prêt à “ouvrir la discussion” sur une dissuasion nucléaire européenne après l’affrontement verbal entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump ce vendredi 28 février à Washington, laissant craindre un désengagement des États-Unis en Ukraine et une rupture historique de leur alliance avec les Européens.
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Le président de la République a reçu le soutien de son ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Sur le réseau social X, ce dernier a souhaité rassurer, expliquant que la dissuasion nucléaire “restera” française “de la conception et la production de nos armes, jusqu’à leur mise en œuvre sur décision du président de la République”, mais qu’en même temps “nos intérêts vitaux comportent une ‘dimension européenne'”.
Notre dissuasion nucléaire est française, et elle le restera : de la conception et la production de nos armes, jusqu’à leur mise en œuvre sur décision du Président de la République.
Elle protège les intérêts vitaux de la France, que le chef de l’Etat est seul à définir : c’est… pic.twitter.com/BfZ2hbbBWQ
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) March 1, 2025
“Donc oui : nous devons répondre aux questions de nos partenaires européens sur ce qu’est notre dissuasion, sur ce qu’elle peut signifier pour eux, et ce qu’elle restera”, a-t-il expliqué, en appelant à traiter ce sujet avec “rigueur”.
Que sait-on sur le scénario d’une dissuasion nucléaire européenne ?
Le scénario d’une dissuasion nucléaire européenne se heurte à de nombreux obstacles, dont l’autonomie de décision revendiquée par la France dans ce domaine. Depuis son origine, la dissuasion française voulue par le général de Gaulle se veut complètement indépendante et repose sur l’appréciation par un seul homme, le président de la République, d’une menace contre les intérêts vitaux du pays.
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En février 2020, Emmanuel Macron avait mis en avant “la dimension authentiquement européenne” des intérêts vitaux français, non sans susciter des débats. Le président de la République a en même temps relevé que “sa doctrine nucléaire garde un certain mystère parce que l’ambiguïté fait partie de son efficacité”. La France ne va donc pas dire par avance où elle pourrait frapper, “c’est le choix du chef des armées”, c’est-à-dire du président, a-t-il ajouté.
Les soutiens à un partage de la dissuasion nucléaire
Sans surprise, l’idée d’un partage de la dissuasion est soutenue par les plus pro-européens au sein de la classe politique. “Les ennemis de l’Europe doivent savoir que nos partenaires, ceux qui partagent nos valeurs, bénéficient du parapluie nucléaire français”, a estimé sur France Inter Valérie Hayer, ex-candidate du camp présidentiel aux élections européennes et actuelle présidente du groupe Renew (centristes) au Parlement européen.
La nouvelle donne géopolitique nous oblige à lever les tabous qui empoisonnent la progression de l’Europe de la défense.
Investissons ensemble. Empruntons ensemble. La Russie n’attend pas. pic.twitter.com/ikswB7DDMX
— Valérie Hayer (@ValerieHayer) March 1, 2025
“La France a un rôle immense à jouer parce qu’elle est la seule puissance dotée de l’arme nucléaire de l’Union européenne, parce qu’elle a une industrie de défense puissante”, a abondé sur franceinfo l’eurodéputé social-démocrate Raphaël Glucksmann.
Échange tendu entre Trump et Zelensky : “Les Etats-Unis de Donald Trump ne sont pas nos alliés”, assure Raphaël Glucksmannhttps://t.co/savqmcyGaK
— franceinfo (@franceinfo) March 1, 2025
“Nous changeons d’époque”, a souligné sur X l’ancien Premier ministre français Michel Barnier qui, sans évoquer le nucléaire, plaide pour un “aggiornamento stratégique” en Europe, avec par exemple la création d’un “conseil de sécurité européen”.
Ces personnalités politiques qui sont contre un partage
Pour la leader du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, les États-Unis restent “évidemment” un allié de la France au sein de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique nord), cette alliance militaire entre pays européens, États-Unis et Canada. Ceux qui disent le contraire “ne sont pas des gens raisonnables”, a-t-elle affirmé. La dissuasion nucléaire de la France doit rester “française” et “on ne doit pas la partager”, a-t-elle estimé ce samedi 1er mars, en minimisant la portée des échanges très tendus entre le président américain et son homologue ukrainien, la veille dans le bureau ovale. “C’est assez normal”, a-t-elle estimé parce que “le chemin de la paix est un chemin qui est difficile”.
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Sans se prononcer directement sur la dissuasion nucléaire, le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a estimé qu’il fallait “faire obstacle” à “l’Europe de la défense”. Pour lui, les Européens ont reçu avec cette altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ce qu’ils méritaient. La “servilité atlantiste (des Européens) est payée par un mépris qui les laisse transis de peur”.