Il était l’un des grands pionniers de la biologie médicale moderne : l’Ariégeois Alain Ruffié s’est éteint dernièrement à l’âge de 88 ans. Ce docteur et biologiste renommé, installé à Bordeaux, a marqué son domaine par ses contributions exceptionnelles. En hommage à son travail, il a récemment été honoré par ses pairs, notamment par le professeur Jacques Battin, vice-président de la Société française d’histoire de la médecine.

À l’origine de la première grossesse obtenue par FIV à Bordeaux

Né en 1934 à Bordeaux, Alain Ruffié s’est rapidement distingué dans le domaine médical. “Il a d’abord été interne en pharmacie, puis il a poursuivi ses études de médecine”, raconte fièrement son frère, Patrick Ruffié, lui aussi médecin. “Il était licencié en chimie biologique et il est à l’origine du troisième bébé éprouvette né en France.” En effet, Alain Ruffié a joué un rôle fondamental dans le développement de la fécondation in vitro (FIV) en France. Il fut l’un des pionniers des dosages rapides d’estradiol urinaire, “une avancée majeure pour le suivi des stimulations ovulatoires nécessaires à la FIV”. Son expertise a ainsi contribué à la première grossesse obtenue par FIV à Bordeaux.

“C’est toujours un choc d’apprendre le décès de l’un de ses contemporains […]. Interne des hôpitaux en pharmacie, Alain Ruffié a trouvé sa voie auprès de Paul Blanquet, qui revenait de Berkeley, où il avait découvert l’utilisation remarquable de la radioactivité. Ce fut le début de la radiobiologie, des dosages de la TSH et des hormones thyroïdiennes, jusque-là inaccessibles, et la naissance de la biologie endocrinienne. Il fut le biologiste des gynécologues du privé, investi dans la FIV et les PMA”, écrit le professeur Jacques Battin, agrégé de pédiatrie et de génétique, dans l’un de ses derniers ouvrages.

Véritable expert en génétique, Alain Ruffié “était prédestiné à faire des études”, confie son associé, l’hématologue Jean Cazenave. “Il est difficile, en quelques minutes, de rendre hommage et de dire publiquement au revoir à un personnage comme Alain Ruffié, car il faisait partie des grands pionniers de la biologie médicale moderne. Le jeune Alain était destiné à faire des études, et il n’a eu qu’à traverser la rue pour entrer au lycée Montaigne.”

Bien que résidant à Rabat-les-Trois-Seigneurs dès qu’il le pouvait, Alain Ruffié restait profondément attaché à ses racines : “notre origine profonde, c’est Goulier. Mon grand-père, Joseph Ruffié, y est né. Il a rencontré ma grand-mère, Marie Massat, originaire de Massat. Ils se sont d’abord installés à Béziers, rue Sainte-Claire”, raconte-t-il. Une trajectoire familiale qui l’a finalement conduit vers la région bordelaise, où il a consacré l’essentiel de sa carrière.

Un parcours d’exception dans la biologie médicale

À la tête d’un laboratoire d’analyses situé au 30 allées de Tourny à Bordeaux, Alain Ruffié s’est toujours montré avide de connaissances. “Il s’est lancé dans des études de médecine et a brillamment obtenu son doctorat”, poursuit Jean Cazenave. À la fin des années 1960, il intègre le laboratoire des allées de Tourny, dirigé à l’époque par les docteurs Berge et Servantie. Quelques années plus tard, en s’associant avec d’autres biologistes, il initie l’aventure du Laboratoire Ruffié et Associés, qui deviendra un centre de référence en biologie médicale. “C’était un médecin radio-isotopiste reconnu”, souligne son frère. “Il était brillant, l’un des plus grands biologistes européens. Son laboratoire jouissait d’une renommée internationale, car il réalisait des analyses que personne d’autre ne pouvait faire.”

Après le décès de son épouse Pia, spécialiste en cytogénétique, Alain Ruffié, père de trois enfants – Emmanuelle, Sophie et François – se consacra jusqu’à la fin de sa vie à ses autres passions : la musique, la peinture et ses petits-enfants.