l’essentiel
Le ministre des Outre-mer Manuel Valls est en visite en Nouvelle-Calédonie pour renouer le dialogue et faire des annonces économiques. Mais il a surtout suscité de vives réactions chez les députés loyalistes, en employant le terme “peuple premier” pour désigner les Kanaks.
Avant de partir en Nouvelle-Calédonie, Manuels Valls voulait “apaiser par le dialogue”, mais il a surtout provoqué la colère des députés loyalistes. Samedi 22 février 2025 face aux représentants du monde kanak (du nom de la population autochtone), le ministre des Outre-mer insiste sur la nécessité” de respecter “le peuple mélanésien, le peuple kanak et le peuple premier” dans les négociations actuelles autour de l’indépendance de l’archipel.
A lire aussi :
“Non, c’est non !”, “No pasaran” : Manuel Valls chahuté par des manifestants lors de son arrivée en Nouvelle-Calédonie
Dans un climat de tensions sous-jacentes, les mots font l’effet d’une bombe, explique Nouvelle-Calédonie La 1re. Et suscite la colère de certains députés : “Quand tu dis qu’il y a un peuple premier, tu ne nous respectes pas”, réplique alors publiquement le loyaliste (Ensemble pour la République) Nicolas Metzdorf. Pour le Néo-calédonien, le ministre des Outre-mer ne peut tendre davantage les discussions : “Nous avions prévenu le ministre de ne pas faire de déclaration avant les négociations pour maintenir un climat de discussion serein. La preuve en est”, commente-t-il à l’AFP.
Pas dans la Constitution
Pour se justifier, Manuel Valls invoque la Constitution française. Pourtant, dans le texte fondateur de la Ve République, le terme en tant que tel n’y figure pas. Il est question de “peuple autochtone” et de “peuple d’origine”.
Et cela fait une différence majeure, selon Françoise Suve, présidente du groupe Loyalistes au Congrès : “Ni l’Accord de Nouméa ni le droit français ne reconnaissent cette notion.” Selon elle, le mot “premier”, “pourrait sous-entendre une supériorité, une antériorité qui pourrait remettre en cause des principes d’égalité entre des citoyens français”. Un sentiment partagé par Nicolas Metzdorf, pour qui ce terme maladroit “indique une hiérarchie, un podium des légitimités”.
Mais une fois encore, les Néo-calédoniens ne parlent pas d’une même voix.
Pour Philippe Gomès, élu Calédonie ensemble, la polémique n’a pas lieu d’être dans le sens où les Kanaks étant des descendants du peuple autochtone, il n’est pas inexact de les désigner “‘peuple premier’ de ce pays”.
Et l’élu d’appeler à se concentrer sur le fond du sujet : le redressement de l’économie locale. En Nouvelle-Calédonie, la crise du nickel a fait bondir le chômage l’an dernier. Dans l’archipel qui compte 271 000 habitants, ils sont 11 600 à avoir perdu leur emploi selon les derniers chiffres officiels.