l’essentiel
Bien que leur installation soit interdite depuis la fin des années 80, plusieurs paratonnerres radioactifs subsistent en Ariège, posant des questions sur leur retrait et leur gestion.
Interdits depuis la fin des années 80, les paratonnerres radioactifs continuent de trôner sur le toit de certaines bâtisses plus de quarante ans après. Et le département de l’Ariège n’y échappe pas. Ainsi, sur les 30 000 installés en France, une douzaine aurait été décomptée dans le département. Si cinq ont pu être déboulonnés, notamment ceux sur la Banque de France, rue du Lieutenant Paul Delpech, et la DDT, rue des Salenques, celui sur le bâtiment qui abrite La Poste de Foix est encore debout.
Selon la loi, la gestion de ces installations incomberait aux propriétaires. Une situation qui peut rapidement devenir un véritable casse-tête. “La première chose est de savoir à qui appartient ce paratonnerre. Quand j’ai acheté ce local professionnel, la présence du paratonnerre n’était mentionnée nulle part sur l’acte notarié. D’ailleurs, si je l’avais su, je me serais posé des questions avant de signer. J’ai toujours cru que c’était une sorte de capteur”, explique le propriétaire du cabinet médical. Avant d’ajouter : “J’aurais au moins demandé qu’on le retire avant.”
“Il est fixé sur la cheminée de la chaudière”
Situé au dernier étage de l’édifice, il est donc légalement responsable des tuiles. Mais qu’en est-il du paratonnerre ? C’est là où tout se complique. “Il est fixé sur la cheminée de la chaudière. Le conduit appartient à La Poste, qui était propriétaire du bâtiment depuis les années 50”, poursuit-il.

DDM F.A
Mais, dans les années 2000, un marchand de biens devient le nouveau propriétaire des lieux à la suite d’une vente aux enchères. Et c’est ce dernier qui l’a ensuite revendu au chirurgien-dentiste. “Je vais essayer de me rapprocher d’eux [La Poste] pour tenter de démêler cette histoire. Mais en toute logique, sachant qu’il n’est pas mentionné sur mon acte d’achat, il ne peut pas être à moi”, s’interroge le professionnel de santé.
La commune pourrait elle aussi être concernée. “L’installation de ces paratonnerres aurait pu être faite suite à une demande publique. Et si c’est le cas, qui en a la charge aujourd’hui ?”, se demande le propriétaire.
Aucun risque sur la santé
Inquiet du danger potentiel que pourrait représenter une telle installation, le propriétaire du local professionnel a mandaté une experte qui s’est rendue sur place ce lundi 10 mars 2025. “L’organisme compétent en radioprotection est venu constater pour que tout se fasse dans le respect de la prévention et de la réglementation”, rassure-t-il. Matériaux radioactifs obligent, ils doivent être manipulés avec précaution et surtout ne pas finir à la déchetterie. “Si le fabricant existe toujours, c’est à lui d’assurer la reprise. Sinon, si c’était à moi de le faire, j’ai les coordonnées de deux sociétés”, informe-t-il.
En attendant, que les Fuxéens se rassurent. Ces paratonnerres, dont certains modèles pouvaient contenir du Radium 226 ou de l’Américium 241, ne représenteraient aucun danger pour la santé. “Il est bétonné et tout le toit aussi. Apparemment, selon les techniciens spécialisés, si l’équipement n’est pas endommagé, et c’est le cas, il n’y a aucun risque. Rien qu’une feuille de papier arrêterait les rayons, selon eux”, livre l’homme.
En revanche, avant de procéder à son retrait, il est également essentiel de contrôler si le paratonnerre est encore fonctionnel ou non. “Il y a un câble qui descend, mais on ne sait pas où il va. Il faudra suivre la descente. S’il est fonctionnel, on ne le touchera pas ; si ce n’est pas le cas, on va l’enlever. C’est une obligation.”, conclut le propriétaire.