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TÉMOIGNAGE. Abus à l’école de Sorèze : “Je n’étais pas un voyou, et j’ai été interné dans cette prison”

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Posted 12 hours ago by inuno.ai

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l’essentiel
Alors que la parole se libère sur les violences psychologiques et physiques à l’abbaye-école de Sorèze, nous avons recueilli le témoignage de Marcel*, qui a connu l’enfer du cachot dans les années 1980.

“J’étais un élève moyen. C’était insuffisant pour qu’on me garde au collège Fermat de Toulouse. À 15 ans, comme beaucoup de jeunes pas très brillants, j’ai intégré le pensionnat de Sorèze, en octobre 1986. C’était une école avec beaucoup de cancres, j’en faisais partie. Nous étions sous la surveillance d’anciens militaires. Je me souviens de l’un d’eux, videur en boîte de nuit. Un sadique. Régulièrement, nous prenions des roustes mémorables. J’ai vu aussi, un prof, futur directeur, déglinguer un camarade dans le couloir à coups de poing et de pieds.”

“Il fallait raser les murs”

“Fallait raser les murs, on risquait gros à la moindre connerie. Ce qui me permettait de tenir c’était de savoir que le week-end je pouvais revenir à Toulouse. Comme je m’étais révolté avec d’autres copains sur les conditions de vie, ils m’ont viré. Après des discussions avec ma famille, ils m’ont repris en plein milieu de l’été. Mon régime avait changé. Je n’avais jamais eu affaire aux gendarmes, je n’étais pas un voyou, et j’ai été interné dans cette prison dont je ne pouvais jamais sortir. Ce fut un calvaire avec une volonté de leur part de me casser, de me soumettre, de me vider le cerveau.”

“Le directeur était une brute”

“Le directeur, un homme fort et costaud, était une brute qui nous tabassait pour un oui ou pour un non. Il m’a pris sous son aile. Le pire c’est quand il m’amenait manger chez lui. Il cuisinait, nous mangions sur une grande table tous les deux. Nous étions seuls. Il tenait des discours moyenâgeux. Il évoquait sa femme qui avait beaucoup souffert mais, disait-il, il fallait souffrir pour atteindre une forme de sérénité. Des propos sur la virginité, des trucs bizarres. Il était fou. J’avais la poitrine serrée ne sachant pas ce qu’il allait faire de moi dans les 10 minutes. Il me faisait comprendre que j’étais à sa merci, que je dépendais de son bon vouloir.”

“Je me comportais comme un zombie, docile, sans réaction. Je marchais sur un fil. Fuguer ? En tout cas, ça aurait pu mal se terminer. Mes parents étaient séparés. Au deuxième trimestre, mon père qui vivait aux États-Unis, est venu. Il s’était renseigné. Il m’a dit : “‘Si tu veux partir, fais ta valise, je t’emmène’. Alors je suis parti en Amérique.”

* Prénom modifié

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