l’essentiel
Le gouvernement a mis en attente la mesure qui vise à abaisser le seuil de la TVA pour les autoentrepreneurs. Mais cette suspension n’apaise pas l’inquiétude de milliers de professionnels dans le pays.
“Mon métier est avant tout ma passion”. Gaëlle a monté sa micro-entreprise de coiffure à domicile en 2017 en Haute-Garonne. “Le lien social créé par le fait d’aller chez les gens est bien plus fort que dans un salon”, explique-t-elle. Située sur le piémont Pyrénéen, elle a adapté ses tarifs aux salaires et aux retraites perçus dans son secteur.
“Aujourd’hui si la mesure de l’abaissement des franchises de TVA devait passer, elle ferait mettre la clé sous la porte à plus d’une coiffeuse et moi la première”, constate-t-elle. “Je suis au service de mes clients et je leur apporte des moments de plaisir mais le salaire que je me dégage n’arrive même pas à un smic”, déplore Gaëlle qui ne peut que réaffirmer : “Alors, si cette réforme passe, je ferme boutique et je ne suis vraiment pas la seule concernée et mon métier n’est pas le seul en danger”.
La situation de Pascale en Gironde est différente mais le goût est tout aussi amer quant au constat : “C’est un sacré coup de couteau dans le dos que nous fait le gouvernement”. Cette autoentrepreneuse est “fière” de s’être créée son “propre emploi”. “Il y a 5 ans, je me suis retrouvée au chômage après le non-renouvellement de mon contrat d’enseignante alors que j’étais contractuelle dans l’Education nationale”, confie-t-elle.
“J’ai immédiatement rebondi en créant mon atelier de confection de sacs et accessoires”. Elle explique même pouvoir vivre de métier : “Je vends partout en France, en Europe et à l’international”. “Mon chiffre d’affaires est correct puisque j’en vis, tout en restant en dessous du plafond de 85 000 euros et si je subis cet abaissement de franchise de TVA, je vais devoir rogner ma marge de 20 %”, déplore Pascale. Et pour elle, il serait “inconcevable de monter mes prix car les clients ne suivraient pas”.
“13 ans de travail qui s’envoleraient…”
“Cela fait plus de 13 ans que je suis autoentrepreneur en tant que coach sportif et que mon chiffre d’affaires est constant à environ 30 000 euros par an”, nous explique Bénédicte qui vit à Hyères (Var). “La baisse du seuil de TVA serait une catastrophe pour mon activité car je ne facture que des clients privés et je serais dans l’obligation d’augmenter mes tarifs pour compenser mes pertes liées à cette TVA”, regrette-t-elle. La coach voit déjà tous ses clients filer vers le concurrent direct et menaçant : la salle de sport. “13 ans de travail qui s’envoleraient… Sans compter la suite, ne sachant pas vraiment comment je pourrais rebondir”, s’inquiète Bénédicte.
Soazic a lancé son activité en micro-entreprise en 2020 “après 25 ans dans la fonction publique”, tient-elle à préciser. “Je gagne ma vie honnêtement en payant mes cotisations et je ne dépasse pas le seuil de 37 500 euros annuel depuis plus de 4 ans”, assure cette thérapeute qui ne compte pas ses heures. “Je vis modestement, mais je vis”. Pour elle, il est inenvisageable de reporter la TVA sur ses prix : “Si je le fais, je perds ma clientèle et cela veut dire que je ne sais pas si je peux continuer. J’ai sondé mes clients”. Soazic n’a pas peur de l’affirmer, “soit je passe au black, soit je perds mes clients”.