Accusé du meurtre de son bailleur dans le Gers, Antonio F.G. cache un passé trouble. Délinquant recherché en Espagne, il a multiplié les escroqueries avant de commettre l’irréparable en tuant à coups de couteau le retraité. Comment cet arnaqueur en série en est-il arrivé là ?
“Je le crois capable de passer à l’acte car il avait déjà menacé avec un couteau un propriétaire de Madrid” : ce sont les mots de Maria au micro de la chaîne télévisé espagnol “La Cuatro”. Elle a croisé la route d’Antonio F.G., 49 ans, qui a été arrêté il y a un peu plus d’un mois à Auch. Il est accusé d’avoir assassiné Gilles M., un retraité castérois, d’origine nantaise, en le poignardant plus d’une dizaine de fois. Il s’agissait de son propriétaire.
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Il s’en serait ensuite pris à la compagne de la victime en la blessant au visage. Le meurtrier présumé se trouve actuellement incarcéré.
Antonio F.G. : qui était-il vraiment ? Qu’est-ce qui a pu le pousser à tuer ? Auditionné une première fois après les faits, le mis en cause, d’origine espagnole, ne s’est pas exprimé. Toutefois, il a admis son implication tout en plaidant la légitime défense. Aujourd’hui, nous savons qu’il n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice.
Déjà condamné
Dans le pays de Cervantes, Antonio F.G. aurait connu un train de vie ponctuée de larcins. Un scénario digne du film ‘Arrête-moi si tu peux’ de Steven Spielberg. Selon nos informations, il était recherché par les forces de l’ordre espagnoles pour une série d’escroqueries commises en Andalousie et sur les îles Canaries.
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Une semaine après le drame gersois, la chaîne de télévision “La Cuatro” avait consacré une grande partie de son journal à la figure d’Antonio. Titrant “L’assassin aux mille visages”, elle confirmait que l’individu avait déjà été condamné pour une multitude de fraudes.
“Menteur professionnel”
Originaire de Lanzarote, Antonio F.G. a été secouriste, en 2015, au sein d’une association de la commune de Haria, aux îles Canaries. Mais l’égoïsme finit par l’emporter sur l’altruisme.
“Je suis divorcée, célibataire, on échange par visio, il se présente comme un Canarien (habitant des Canaries, île de Lanzarote NDLR) qui travaille comme médecin-ambulancier […] Il me propose un rendez-vous à Madrid où il dit participer à une réunion de médecins”, confiait Maria auprès de nos confrères espagnols.
Après retour à son domicile, la jeune femme se rend compte de transactions bizarres effectuées depuis la capitale espagnole. “Je bloque ma carte et je dénonce les faits à la police, avec des achats de type taxis et restaurants pour un montant total de 690 euros.”
Ses nombreuses photos lui confèrent d’emblée un certain charisme. Mais c’est en “menteur professionnel” que l’individu se forge une sale réputation derrière sa carrure imposante. Il se serait notamment fait passer pour un médecin en intégrant une émission de téléréalité.
Là-bas, il aurait séduit une jeune femme avant de lui voler ses codes de carte bancaire. Il aurait également escroqué une ONG de Séville ou encore des dizaines de personnes en vendant des casques de sécurité qui ne sont jamais arrivés à destination. Au total, il aurait arnaqué plus d’une soixantaine de victimes.
À certains, il promettait monts et merveilles en arborant l’uniforme du secours et en proposant de faux emplois grassement payés. “Il n’appartient pas à notre groupement. Il a usurpé notre image pour différentes arnaques et mensonges à différentes personnes. Nous tenons à préciser que les images où on le voit dans notre uniforme, c’est parce qu’il était en visite avec nous durant deux mois aux Canaries”, précise un service ambulancier des Canaries. En 2023, il fait l’objet de poursuites judiciaires pour usurpation d’identité.
Meurtrier présumé
Interpellé, Antonio a été brièvement incarcéré au centre pénitentiaire de Soto del Real, près de Madrid, pour escroquerie avant d’être libéré. Il aurait dès lors continué ses méfaits, notamment dans des escroqueries à la location.
Proche d’être rattrapé par la justice, il aurait fui vers la France avant de s’installer dans le Gers. En 2024, il pose ses valises dans la petite commune de Castéra-Verduzan et occupe un emploi saisonnier de commis de cuisine. Il est d’abord accueilli dans un premier temps au camping. Son employeur s’est ensuite porté garant auprès de Gilles M. afin qu’il puisse louer l’un de ses appartements à Antonio. Chose qu’il accepte.
Dès lors, il ne fait pas parler de lui. Discret, son voisinage confie ne le croiser que très rarement.
Mais, à partir de novembre 2024, le commis de cuisine ne verse plus son loyer. Après de nombreuses relances, en février 2025, le couple de propriétaires rencontre leur locataire. Ce dernier commet alors l’irréparable. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Son dossier est en cours d’instruction à Agen.
D’escroc à meurtrier, Antonio F.G. a tissé sa toile de mensonges jusqu’à ce qu’elle se referme sur lui dans la cellule d’une prison française. Faux médecin, faux pompier, faux infirmier, il termine son parcours derrière les barreaux, pour un crime bien réel.
