Noélia, une jeune fille paraplégique de 24 ans a le souhait, depuis un an, de mourir par euthanasie contre l’avis de son père. Une audience judiciaire historique en Espagne donnera raison à l’un des deux.
C’est une affaire historique en Espagne. Une jeune femme paraplégique de 24 ans a confirmé, mardi 4 mars, devant un tribunal espagnol, son désir de mourir dignement par suicide assisté, rapportent plusieurs médias espagnols dont Publico. “Je veux en finir avec la dignité une fois pour toutes”, a-t-elle dit devant le tribunal. Noélia devait mourir volontairement par euthanasie le 2 août dernier mais à la demande de son père, elle a été suspendue.
Noélia, paraplégique suite aux blessures qu’elle a subies après avoir tenté de se suicider en 2022, est soutenue par le gouvernement régional de Catalogne, après qu’un comité local de garantie et d’évaluation de l’euthanasie a soutenu à l’unanimité sa décision en juillet 2024.
La loi sur l’euthanasie a été introduite en 2021 en Espagne
Le tribunal de Barcelone a tenu ce mardi une audience à huis clos pour décider s’il faut autoriser le recours à l’euthanasie, demandé par la jeune femme, il y a un an. La loi sur l’euthanasie a été introduite en 2021 en Espagne. C’est la première fois qu’une affaire est portée devant le tribunal pour qu’un juge se prononce.
Au tribunal, Noélia se trouve face à son père et ses soutiens. La suspension de l’euthanasie de sa fille est soutenue par le ministère public et appuyée par le groupe ultra-catholique des Avocats Chrétiens.
“Aucun problème mental qui altère sa capacité de décision”
Ces derniers plaident la thèse selon laquelle la jeune fille, qui souffre de graves séquelles et d’une perte totale d’autonomie, soufrerait également d’un trouble de la personnalité qui l’empêcherait de prendre des décisions de manière lucide.
Une thèse contredit par sept médecins spécialistes présents à l’audience. Ils ont convenu à l’unanimité qu’elle a des “capacités préservées et ne souffre d’aucun problème mental qui altère sa capacité de décision”, rapporte Publico.
Lors de son audience, Noélia a affirmé avoir été contrainte de renoncer à son souhait de subir une euthanasie par des groupes religieux. Elle a déclaré que des gens avaient rempli une pièce du centre de soins où elle vivait actuellement avec “de petites images, des croix et des symboles religieux”, relate le quotidien espagnol.
La juge en attente de rapports médicaux
Pour l’avocat principal des Avocats Chrétiens, Noélia souffrirait d’un trouble mental mais sa paraplégie ne lui cause pas de douleur, ni de souffrance insupportable, ce qui ne lui permet pas de bénéficier du suicide assisté comme le prévoit la loi.
Suite à l’audience de ce mardi 5 mars, la juge a donné cinq jours aux parties pour présenter leurs rapports avec les conclusions de l’affaire. Elle décidera ensuite si elle soutient l’euthanasie demandée par la jeune femme, ou si elle donne raison à son père.
