l’essentiel
Le potentiel immense de cette génération française a été concrétisé par un titre censé en appeler d’autres, sur la route du prochain Mondial en Australie, dans un peu plus de deux ans.
Le XV de France s’est payé. Enfin. Trois ans après avoir réalisé le Grand Chelem et essuyé pas mal de larmes entretemps, il a retrouvé le sourire et ajouté, samedi à Saint-Denis, une ligne de plus à son palmarès. Une manière de vraiment donner du sens à la statistique de 80 % de victoires si chère à Fabien Galthié.
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Quatre succès sur cinq, c’est forcément mieux quand il y a un sacre à la clé. Au vu de la génération actuelle, du déclin irlandais et du fait qu’il a été décroché une année impaire – trois déplacements dont ceux de Dublin et Londres –, il semble en appeler d’autres. Même s’il ne faudra pas enterrer trop vite le rival irlandais ni sous-estimer l’ennemi anglais, dont le réveil est bel et bien confirmé. Car sans leur faire offense, les Gallois, les Italiens et, à degré moindre, les Écossais, ne sont pour l’heure pas invités pour rivaliser durablement sur l’intégralité de la compétition.
Alliage de puissance et vivacité
“On est heureux parce qu’on a gagné. C’était l’objectif, on a réussi à l’atteindre. Le premier sentiment, c’est le bonheur, la joie”, savourait le sélectionneur français après ce que Grégory Alldritt, son capitaine intérimaire, a qualifié de “moment pas banal”.
Après avoir “pris énormément de plaisir tout au long de ce Tournoi”, le troisième ligne de La Rochelle comptait bien apprécier l’instant tout en se tournant déjà vers demain. “On a une vision sur le long terme, mais il faut savoir profiter quand on est en haut, disait le Gersois. Et ce soir (samedi), on va savourer. Pour le reste, le groupe est déjà déterminé à gagner plus de matchs et de titres.”
Clairement, les Bleus peuvent se projeter vers la suite avec sérénité. Quelques coups de vis seront évidemment nécessaires au sein de la défense, de ligne comme aérienne, mais celle-ci a su apporter de vraies garanties, comme sur la pelouse de l’Aviva Stadium, “le match de nos six ans” selon l’ancien demi de mêlée, où elle a tenu le bras de fer avant de le remporter.
Mais l’alliage de puissance – amplifiée par le banc à sept avants lors des trois dernières journées – et de vivacité – dans la droite lignée de ce que produisent le Stade Toulousain et Bordeaux-Bègles dont les joueurs furent majoritaires au sein de la ligne de trois-quarts cet hiver – dont il a témoigné ouvre de réelles perspectives.
“Meilleurs qu’en 2023”
“Il faut avoir beaucoup d’humilité, ça va très vite, tempérait Galthié. En fonction de l’évolution des règles, de ce que les attaques ou les défenses proposent, les rapports de force changent énormément. Nous avons marqué 30 essais, c’est un record dans la compétition. On sent qu’on pose des problèmes. Offensivement, on a touché du doigt pendant cette compétition quelque chose qui nous a permis de déséquilibrer les défenses.”
Émotionnellement, cette équipe semble aussi armée. Elle l’a montré en surmontant l’échec de Twickenham, la détresse provoquée par l’épisode Dupont mais aussi en évacuant la pression de conclure face à l’Écosse après avoir eu du mal à la supporter, où il a fallu dépasser une première partie de match durant laquelle “on a été rattrapés par le stade, l’environnement”, un “ressenti impalpable” selon le Lotois.
“L’équipe est meilleure que celle de 2023, concluait-il. Elle a progressé, justement parce qu’elle est passée par 2023 (et l’échec en quart du Mondial, NDLR). Et par 2024, avec un Tournoi difficile que nous finissons malgré tout à la deuxième place.”
Puisque seuls comptent les titres, et maintenant qu’elle y a goûté à nouveau, charge à elle de continuer sur sa lancée pour récidiver dans un an.2027 ne sera plus très loin, cela ne pourra pas lui faire de mal de commencer à s’habituer…